Loin des discours théoriques, plusieurs solutions émergent sur le terrain, portées par des habitants, des collectifs, des associations et des entrepreneurs locaux.
Une viticulture engagée sur le vivant
La vigne façonne les paysages du Blayais, du Médoc et du Bourgeais. Or, le secteur agricole demeure l’un des principaux utilisateurs de phytosanitaires. Pourtant, les changements sont réels :
- Depuis 2015, la surface des vignobles certifiés Bio ou HVE a doublé sur les rives estuariennes, atteignant 8300 hectares (source : Chambre d’Agriculture 33).
- 125 châteaux ont rejoint le programme « Bordeaux Cultivons Demain » pour développer agroforesterie, couverts végétaux, technologie de pulvérisation ultra-localisée, et limitation stricte des intrants.
Certaines exploitations ouvrent régulièrement leurs portes pour sensibiliser à l’équilibre entre terroir, tradition et innovation agronomique.
Renaissance des marais et des zones humides
Les marais de l’estuaire, tels ceux de Braud-et-Saint-Louis ou Saint-Ciers-sur-Gironde, longtemps menacés par l’assèchement ou la mise en culture, connaissent une seconde jeunesse via une gestion concertée.
- En 2021, plus de 900 hectares de zones humides restaurés dans le cadre du programme d’actions « Estuaire Vivant » (ADEME, Département de la Gironde).
- Le « Parcours des Palus » propose depuis 2020 des itinéraires de découverte à pied et en bateau, explicitant l’importance de ces milieux pour la filtration de l’eau, la lutte contre les crues et l’accueil de la faune.
Ici, l’intervention humaine retrouve sa juste place : entretien des berges par pâturage, gestion hydraulique douce, accueil raisonné du public.
Pêche et conchyliculture responsables
La pêche en estuaire, marquée par la figure du carrelet et de l’esturgeon, fut longtemps menacée par la surexploitation et la pollution. Aujourd’hui, la filière adapte ses pratiques :
- Depuis 2016, toutes les licences de pêche professionnelle au carrelet sont subordonnées au respect d’aires de quiétude pour la reproduction du brochet et du sandre.
- Les ostréiculteurs de l’île de Patiras expérimentent la culture d’huîtres sur poches, réduisant l’impact sur les fonds sablo-vaseux et contribuant à la filtration naturelle de l’eau.
Selon l’IFREMER, le cheptel d’huîtres dans l’estuaire, quasi disparu dans les années 1980, a quadruplé depuis 2010 grâce à ces méthodes raisonnées.
Un autre tourisme, entre lenteur et immersion
- Sur la rive droite, les « sentiers d’interprétation » de Bourg-sur-Gironde invitent à la marche entre criques, lavoirs, et vignes insoupçonnées, accompagnés parfois de médiateurs du patrimoine.
- Le succès croissant des croisières naturalistes (près de 10 000 participants en 2023, source Bordeaux Be Maritime) témoigne du désir de découvrir sans altérer, en apprenant à regarder, écouter, comprendre.
Des guides locaux proposent aussi des balades à vélo électrique, à la pagaie, ou le long des digues, pour favoriser la mobilité douce et décentraliser l’afflux touristique en saison.