Des refuges pour la migration et la reproduction
Les zones sauvegardées agissent comme des escales vitales pour les oiseaux migrateurs. À chaque marée, les vasières se peuplent de barges, de chevaliers, de bécasseaux, venus d’Europe du Nord pour profiter d’une halte riche. L’absence de dérangement (pécheurs, plaisanciers, chiens en liberté) dans les périmètres protégés permet le succès de la reproduction de nombreux nicheurs, dont :
- La spatule blanche, espèce rare, dont la colonie sur l’île Nouvelle avoisinait 200 couples en 2023 (source : LPO).
- L’aigrette garzette, qui s’établit sur les îlots où toute intervention humaine est limitée en période de nidification.
Des suivis réguliers prouvent que la protection stricte de certains habitats clés double pratiquement le taux de survie des poussins par rapport aux secteurs ouverts.
Lutte contre l’envasement, régulation des eaux, tampon contre le changement climatique
Les roselières, tourbières et prairies naturelles ne sont pas de simples paysages en attente. Elles absorbent, ralentissent, filtrent. Les zones humides de l’estuaire stockent à elles seules trois fois plus de carbone que les forêts locales, freinant ainsi le réchauffement climatique (ONF). Pendant les crues, ces milieux temporisent la montée des eaux ; durant les sécheresses, ils servent de réservoir pour la faune.
De plus, ces milieux atténuent l’envasement des chenaux portuaires, et améliorent la qualité de l’eau utilisée par l’agriculture et la pêche, premier enjeu pour les filières ostréicoles et viticoles de la basse Gironde.
Un patrimoine vivant, non figé
Contrairement à l’idée de « mise sous cloche », l’ensemble des gestionnaires de zones protégées cherche à préserver le vivant dans son mouvement. Élagage, contrôles de l’eau, restauration de prairies par le pâturage de troupeaux rustiques (moutons landais, vaches bazadaises), brûlages contrôlés sur les brandes : tout vise à maintenir des milieux ouverts, à renouer avec les gestes anciens adaptés au fleuve.