Le Médoc : quand l’Atlantique pulse sur les terres
Côté Médoc, les villages de Lamarque, Macau, Cussac font face à des berges qui s’étiolent année après année. Au port d’Arcins, d’immenses échancrures argileuses, parfois abruptes, s’effondrent doucement : ici, l’estran glisse, léché à chaque marée montante. Des peupliers s’inclinent, racines tordues. Certains pêcheurs racontent l’enfouissement progressif de leurs cabanes ou de leurs filets dans la vase, dissous dans le flux du fleuve.
Le Blayais : falaises, grottes et vulnérabilité
À Meschers et Talmont, les falaises calcaires sont marquées, creusées de grottes troglodytiques, héritage autant du temps que de la main de l’homme. Ces formations spectaculaires, déjà fragilisées par les anciens creusements, sont désormais menacées par l’eau qui sape le pied, provoquant des éboulements. Parfois, l’effondrement d’une parcelle de falaise est si soudain qu’il absorbe chemins, jardins et mémoires.
Les îles de l’estuaire : le temps du fugace
Sur l’île Nouvelle ou l’île Pâté, l’érosion insulaire est une affaire de balancement permanent. Les crues sapent, les tempêtes s’invitent, les banquettes de roseaux peinent à ralentir la fuite des terres. Entre 1900 et 2020, certaines îles estuariennes ont vu leur contour changer radicalement, gagnant ou perdant plus de 40 % de surface, selon les cycles de dépôts et d’arrachage (source : Observatoire de l’Estuaire, SMIDDEST).