La Gironde, avec ses 75 kilomètres entre la pointe de Grave au nord et l’embouchure de la Garonne et de la Dordogne au sud, est un environnement façonné par plusieurs dynamiques naturelles interconnectées. Ce fonctionnement repose sur des forces invisibles mais essentielles : les marées, les courants et la nature même des eaux estuariennes.
Les marées, souffle vital de l’estuaire
L’estuaire de la Gironde subit l’influence des marées atlantiques, qui s’enfoncent profondément dans le territoire. Les marées montantes, souvent rapides, peuvent pousser l’eau salée jusqu’à environ 120 kilomètres à l’intérieur des terres. À Bordeaux, par exemple, le niveau de l’eau peut varier jusqu’à 6 mètres entre une marée basse et une marée haute, un phénomène parmi les plus marqués d’Europe.
Ce système engendre ce que l’on appelle une "façade salée", qui évolue en fonction des saisons. En hiver, lorsque la Garonne et la Dordogne charrient plus de volumes d’eau douce issus des pluies et de la fonte des neiges pyrénéennes, cette zone salée se réduit et recule vers l’océan. En été, au contraire, la diminution des débits favorise la pénétration de l’eau salée plus en amont.
Les courants et la puissance des rencontres
Les interactions entre les eaux douces des fleuves et les eaux salées de l’océan génèrent une dynamique singulière. Les courants fluviaux, descendants, rencontrent les courants de marée, montants, et créent des remous, zones de mélange et dépôts. Il en résulte des mouvements d’eau complexes qui modulent en permanence les fonds sablonneux ou vaseux.
La force des marées est particulièrement visible à la pointe de Grave, où des bancs de sable se déplacent constamment. Ces courants sont également responsables d’un phénomène bien connu des locaux : le mascaret. Ce puissant mascaret se manifeste par une vague déferlante que l’on peut parfois apercevoir au moment de la pleine lune ou de la nouvelle lune. Il attire les surfeurs, mais il témoigne surtout de la puissance inhérente à cet écosystème fluviomaritime.